A l’occasion de la dernière Assemblée plénière, Catherine Pacoret a présenté l’avis du groupe au sujet de la stratégie régionale d’adaptation des secteurs agricole, alimentaire et forêt-bois au changement climatique.
Intervention de Catherine Pacoret
Monsieur le président,
Mes chers collègues,
Le changement climatique ne fait plus de doutes et il se constate sur le terrain. Notre région n’est pas épargnée. Ses impacts sont d’ores et déjà visibles dans nos territoires. Et aucun d’entre eux n’y échappe. Les épisodes de sécheresse sont de plus en plus longs, les crues de plus en plus fréquentes, le niveau moyen d’enneigement de nos montagnes baisse tous les ans.
A ce rythme, d’ici 2050, 50 % des espaces naturels seront soumis au risque incendie. Et si des mesures ne sont pas engagées, les impacts du réchauffement climatique sur l’économie seront importants avec une perte entre 1 et 3 % de PIB d’ici 2060.
Secteurs clés de notre Région, l’agriculture, l’alimentation et la forêt sont les premiers à subir les effets du changement climatique. Les chiffres sont éloquents comme en 2019, l’année de tous les records en matière d’aléas climatiques. A cause de la sécheresse en été, 15 000 exploitations d’élevage avaient subi des pertes fourragères jusqu’à 45 % des récoltes annuelles notamment dans le Cantal et l’Allier. Les scolytes ont détruit près de 255 000 m3 de nos forêts. La grêle en mars a touché la viticulture, l’arboriculture et l’horticulture en Ardèche et dans la Drome. La neige précoce du mois de novembre a fortement impacté les productions agricoles de la vallée du Rhône, du Vercors, du Nord Isère, du secteur de Romans. Pour la seule filière des abricots, en Drôme, ce sont 50 000 arbres et 200 arboriculteurs qui ont été touchés soit 100 hectares à arracher. La situation est identique pour les noyers. Il faut replanter et aucune récolte ne sera possible pendant encore deux ans !
Avec plus de 3 millions d’hectares de surface agricole utile, 116 000 emplois permanents, des produits AOC à forte valeur ajoutée, agriculture, alimentation et forêt, sont des secteurs clés, porteurs de notre identité et facteurs de rayonnement pour la Région. La crise sanitaire liée au COVID 19 a aussi souligné leur caractère stratégique en réaffirmant la nécessité de produire des denrées alimentaires de proximité, de qualité et à des prix abordables.
Alors comment agir devant cette situation qui s’impose à nous et préserver ces secteurs essentiels ? Si la lutte contre le changement climatique est le plus souvent une affaire globale qui se gère à l’échelle internationale (lutte contre la déforestation tropicale, utilisation d’énergies décarbonées, lutte contre l’élevage intensif), certains de ces effets sont irréversibles.
La Région a la lucidité de le reconnaître et a décidé d’accompagner les différentes filières face aux changements climatiques. Dès 2016, la Région a fait évoluer ses politiques agricoles et forestières et elle consacre depuis 2017, 20 millions d’euros par an aux aides d’urgence climatique. Pour aller plus loin, il faut que nos systèmes agricoles et forestier puissent s’adapter et se réinventer avec de nouvelles pratiques culturales, de nouvelles espèces à cultiver, de nouvelles essences à planter et de nouveaux débouchés à créer.
C’est pourquoi afin de renforcer ces dispositifs, la Région a élaboré, en collaboration avec la chambre régionale d’agriculture une stratégie d’adaptation des secteurs agricole, alimentaire et forêt-bois au changement climatique. Inédite, cette stratégie va permettre de construire de nouvelles filières plus résilientes face au changement climatique pour que, demain, nos agriculteurs puissent continuer à produire des denrées alimentaires et que la superficie de nos forêts progresse.
Les efforts engagés par la Région afin de pérenniser les filières agricoles et forestières sont particulièrement importants. Il s’agit de les aider dans le développement de moyens de protection contre les aléas climatiques : filets, bougies anti-gel. Mais aussi, il s’agit de les accompagner dans la diversification de leurs sources de revenus : en développant d’autres activités comme l’agritourisme, ou encore en développant de nouvelles filières plus résistantes et adaptées comme le houblon ou à l’orge maltée, de nouvelles espèces fourragères, en plantant de nouvelles essences fruitières, en adaptant les cheptels bovins, ovins ou caprins à la spécificité des terrains.
Les moyens alloués sont à la hauteur de l’ambition. C’est un budget de 50 M€ par en faveur de l’adaptation au changement climatique que nous votons ce jour.
Avec ce rapport, sans équivalent en France à l’échelle régionale, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a fait le choix de l’intelligence collective puisque ce rapport a coconstruit avec les acteurs de terrain.
Il va de soi que le groupe Les Démocrates vote en faveur de ce rapport.
Je vous remercie.