Karine Lucas a présenté la position du groupe lors de la dernière Assemblée plénière au sujet des mesures d’urgence et du plan de relance pour la montagne.
Monsieur le président,
Fermez les remontées mécaniques et c’est tout un monde qui s’écroule. La fermeture anticipée des remontées mécaniques en mars 2020 avait déjà été un coup dur à la filière montagne, une première secousse. La non-ouverture des remontées mécaniques décidée pour 2021 porte, elle, un coup fatal à tout un écosystème déjà extrêmement fragilisé. C’est une avalanche destructrice qui déboule aujourd’hui sur nos montagnes et ses vallées. C’est un véritable cataclysme pour la montagne, pour la Région, voire même pour notre pays.
L’épicentre de ce séisme se situe dans les 197 stations que compte nos régions. Qu’elles soient des stations de haute altitude, des sites nordiques de moyenne montagne, des stations-villages historiques, des vallées reculées ou de simples fronts de neige à proximité des grandes agglomérations, toutes sont impactées par cette catastrophe.
Les dégâts se font ressentir jusque dans les vallées, dans toute la Région. Auvergne-Rhône-Alpes est le premier domaine skiable et la première destination touristique mondiale en hiver. Deux tiers du territoire sont situés en zone de montagne. Des stations du Lioran à celles de l’Oisans, nos stations cumulent chaque année le chiffre vertigineux de 50 millions de nuitées.
Au-delà de la Région, c’est tout un pays qui tremble. Le tourisme hivernal en station dans notre région représente 120 000 emplois directs et près de 400 000 emplois indirects, pour un chiffre d’affaires d’environ 7,5 milliards d’euros. Il est donc un des premiers fleurons de notre économie.
L’hiver est et reste la principale locomotive économique de la montagne. La saison hivernale représente en moyenne 75% du chiffre d’affaires de l’année. Et sans une saison d’hiver réussie, le reste de l’année est plus compliqué. Les recettes générées en hiver permettent à nombre d’entreprises d’investir et à nombre de professionnels de vivre à l’année à la montagne.
Le maintien de la fermeture des remontées mécaniques a fait s’effondrer l’activité touristique. C’est une véritable hécatombe pour toute la filière montagne. Car, oui, il y a derrière les télésièges et les remonte-pentes une multitude de travailleurs. En territoire de montagne, les acteurs économiques sont tous interdépendants.
Cette interdépendance économique, cette solidarité montagnarde, cette capacité des acteurs de la montagne à faire système, a vraisemblablement échappé au Gouvernement. Certes, de nouvelles mesures en faveur des acteurs de la montagne ont pu être annoncées par le Premier Ministre. Certaines avancées sont notables. C’est tant mieux.
Mais les angles-morts au plan national sont malheureusement trop nombreux. Faute d’une mobilisation de la Région et des autres collectivités du territoire, de nombreux acteurs pourraient disparaître. Les « oubliés » des aides de l’Etat sont entrepreneurs, repreneurs d’entreprises, professionnels de santé, personnels des centres de vacances, membres des associations sportives, les ski clubs, les viticulteurs.
Sans votre mobilisation, Monsieur le président, tous ces acteurs risquent d’être ensevelis sous l’avalanche de la crise économique. Vous avez su sonder ces acteurs pour connaître leurs difficultés. Le rapport que vous présentez ce jour est une couverture de survie, une bouteille d’oxygène, qui doit leur permettre d’appréhender les prochains mois plus tranquillement. Les « oubliés » des aides de l’Etat vont pouvoir se relever.
Surtout, Monsieur le président, vous nous proposez une véritable vision de la montagne de demain. Et nous sommes heureux, au sein du groupe des Démocrates, que vous ayez fait le choix de promouvoir une montagne durable. Le plan de relance montagne doit permettre de développer l’activité hivernale, de diversifier l’offre touristique sur toute l’année et de faire notre la région « la première montagne durable ».
L’excellent memorandum sur la situation des acteurs de la montagne que vous avez adressé au Premier Ministre est malheureusement resté sans réponse. Il a néanmoins permis de poser les jalons de ce rapport, particulièrement bienvenu pour les acteurs régionaux de la montagne. Il leur est même vital. Et ils vous ont en sont déjà reconnaissants. Ils témoignent de toute la solidarité de la Région envers nos territoires, de cet esprit de cordée qui nous est cher ! Gageons qu’ils nous permettent à tous, prochainement, de retrouver l’ivresse des sommets.
Nous voterons donc POUR.