Plan de relocalisation stratégique de la Région

La relocalisation de notre production était un enjeu phare de la campagne des élections régionales, et c’était l’un des thèmes que nous avons défendus ensemble, conscients de son importance cruciale pour notre région et pour la France.

Je veux déjà, au nom du groupe UDI, Centristes et apparentés, vous dire MERCI.

Merci de présenter si vite ce rapport, d’une grande qualité, tant les axes développés par ce plan sont divers. Tant ce plan est attendu par nos concitoyens, qui l’ont exprimé en juin dernier et qui attendent avec impatience les propositions des candidats à l’élection présidentielle en la matière.

Depuis le début de la mandature, je l’ai constaté en tant que président de la commission Economie : notre Région, ses élus mais avant tout ses agents sont à pied d’œuvre pour concrétiser notre ambition à tous : reconquérir notre souveraineté industrielle régionale et favoriser la relocalisation d’entreprises sur des produits et des secteurs stratégiques.

Il y a une vraie synergie entre le plan régional de retour au travail adopté en octobre dernier et ce nouveau plan de relocalisation stratégique, car la reconquête de notre appareil productif ne pourra se passer d’un recrutement efficace dans les secteurs en tension. C’était donc un préalable très important.

Merci de faire preuve d’une vraie ambition sur l’activité économique, sans faire du réchauffement climatique un argument pour sacrifier notre croissance.

Loin du défaitisme ambiant face au réchauffement climatique et la perte de notre souveraineté économique, vous avez fait le choix, monsieur le président, de la relocalisation, à l’aide de dispositifs concrets sur lesquels je reviendrai.        

C’est d’autant plus intéressant quand on constate que d’autres collectivités, dont certaines en Auvergne-Rhône-Alpes, ont quant à elles fait le choix de promouvoir la stagnation, voire la décroissance.


Les exécutifs de ces collectivités voient ces trajectoires économiques comme un nouvel idéal ; nous les voyons pour notre part comme une régression et un défaitisme qui ne sauraient assurer demain à l’Auvergne-Rhône-Alpes et à la France ni des emplois, ni une souveraineté économique et sanitaire retrouvée.

Pire encore : ce renoncement est une impasse climatique ! En effet, comment espérer diminuer notre empreinte écologique sans relocaliser ? On sait par exemple que fabriquer en France permet de diviser par deux notre empreinte carbone par rapport à une fabrication en Chine.

La relocalisation va aussi permettre une meilleure traçabilité des produits fabriqués, de diminuer les invendus grâce au circuit court et à une production à la demande.        

Relocaliser, ce n’est pas toujours produire moins, mais c’est immanquablement produire mieux, à des conditions sociales satisfaisantes, et avec un impact environnemental maîtrisé. Quand on sait que 75% de nos émissions sont importées, l’urgence climatique nous y oblige !

Il faut rappeler que l’Auvergne-Rhône-Alpes, en tant que deuxième région française la plus productrice de richesse et que première région industrielle française, forte de ses 510 000 emplois industriels, a été plus fortement impactée par l’arrêt brutal de l’économie.

A l’aide de nos différents plans de relance et dispositifs régionaux, mais aussi nationaux, nous avons su accompagner l’économie dans son redémarrage, mais nous en sommes désormais tous conscients : notre modèle économique restera vulnérable tant que nos chaînes de production et d’approvisionnement ne seront pas relocalisées, tant que l’économie européenne dépendra des usines asiatiques.

Il y a dix jours, mardi 7 décembre, le Haut-Commissariat au Plan appelait lui aussi à « mener la bataille du commerce extérieur », rappelant un chiffre effroyable : en 2020, la France affichait un déficit commercial de 81,4 milliards d’euros. Un chiffre qui pourrait même frôler les 90 milliards d’euros cette année. Un triste record.

Et le Haut-Commissariat au Plan parle même de faiblesses qui s’apparentent à celles de pays en voie de développement !     

En relocalisant, nous souhaitons mettre fin à de véritables aberrations.

Par exemple, on sait que l’Hexagone est championne à l’export pour certaines matières premières, comme la pomme de terre ou le bois, mais que nous dépendons de nos partenaires commerciaux pour transformer une pomme de terre en chips, pour transformer du bois rond en meuble. On marche sur la tête !

Ce sont de telles aberrations qui font dégringoler chaque année la France au classement des pays exportateurs de produits agricoles, alors même que l’agroalimentaire est le premier secteur industriel de notre pays. Il faut y remédier, et vite !      

Et je pense qu’au sein de cette assemblée, nous avons tous en tête les risques que fait peser sur notre souveraineté sanitaire la concentration en Chine de la production de principes actifs présents dans les médicaments.


Relocaliser, c’est ainsi prémunir notre région des conséquences d’une nouvelle crise mondiale. Il en va de notre sécurité économique, de notre souveraineté et de notre indépendance.

Tout cela ne repose pas uniquement sur les épaules des élus de la Région, et il est bon de rappeler que ce sont les entrepreneurs qui savent créer des emplois, et pas les collectivités !

C’est pourquoi un vrai travail de concertation a été mené lors de l’élaboration de ce plan, avec nos entreprises, qui seront consultées même à l’issue de l’adoption de ce rapport, au sein du « club relocalisation » que nous créons, composé de 100 grandes entreprises emblématiques de notre région.

Monsieur le président, vous l’avez rappelé très justement lors de [réunion 6 décembre avec les entreprises, dont Michelin à laquelle tu as participé] : ce ne sont pas des subventions que les entreprises attendent des collectivités, mais bien qu’elles contribuent à créer les conditions de leur développement.

En sa qualité de pilote de l’action économique, notre Région a ainsi fait du soutien aux entreprises une priorité, et cela passe par la création de tout une gamme d’outils pour répondre à leurs besoins et faciliter leur implantation et leur retour sur notre territoire.

Un exemple très concret : la Région s’engage dans ce plan à soutenir la mise à disposition de tènements « clé en main », car pour favoriser la relocalisation, le nerf de la guerre, c’est le foncier industriel.

En Auvergne-Rhône-Alpes, sa rareté est accentuée par la volonté de ne pas artificialiser à tout va. Il a ainsi fallu effectuer un travail minutieux de cartographie du foncier industriel, afin de favoriser une allocation optimale des terrains disponibles.

Hier en séance, nous avons d’ailleurs acté le fait que notre SRADDET soit modifié afin de mobiliser plus facilement le foncier économique et ainsi favoriser notre plan de relocalisation.

Demain, la création d’une foncière régionale pourrait faciliter aider nos territoires ruraux parfois dépourvus d’outils locaux permettant une maitrise publique du foncier à attirer des entreprises. C’est une prochaine étape pour ce plan, qui fera partie du « pack relocalisation » proposé aux entreprises si les territoires concernés y adhèrent.

Pour avoir du sens, la relocalisation en Auvergne-Rhône-Alpes doit identifier des productions stratégiques. Cela suppose un ciblage, une priorisation, afin de soutenir des projets à haute valeur ajoutée pour notre territoire, viables sur le long terme.

Nous pouvons par exemple citer la sous-traitance électronique, les domaines du luxe, de la chaussure et du cuir, les microprocesseurs, les matériaux de construction à faible impact environnemental, le bois, et bien sûr les principes actifs des médicaments dont j’ai parlé.

Je veux rappeler qu’il n’existe pas d’industrie forte sans innovation et inversement : pas d’innovation sans industrie forte. Ce plan prolonge notre SRDEII dont la philosophie est la suivante : renforcer le continuum recherche/industrie, qui est essentiel dans la création de produits à haute valeur ajoutée.

Enfin, la création d’une marque Auvergne-Rhône-Alpes permettra d’attirer les entreprises et les compétences en région, à l’aide d’une promotion à l’international, principalement assurée par les équipes de l’Agence régionale du tourisme que je salue.

Vous l’aurez compris, Monsieur le Président, parce que ce plan de relocalisation stratégique présente de vraies vertus environnementales, sociales, économiques et même diplomatiques, c’est avec enthousiasme que notre groupe UDI Centristes et Apparentés votera POUR.

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