Rapport de la Chambre régionale des comptes sur la gestion d’ERAI

Intervention d’Isabelle MASSEBEUF

Monsieur le Président, Chers collègues,

En lisant le rapport de la Chambre régionale des comptes sur la gestion d’ERAI, j’ai eu l’impression de lire un rapport d’autopsie dans lequel on découvre que la victime était malade et que malgré de nombreux appels à l’aide et signaux négatifs, ses médecins refusaient de lui administrer le traitement approprié. Dans ces conditions, l’issue était connue d’avance.

Pourtant, à sa naissance, rien ne laissait présager ce destin funeste. Lorsqu’en 1987, Alain Mérieux lance le début de l’aventure ERAI, chacun comprend la nécessité pour la collectivité régionale d’accompagner les entreprises du territoire à l’international. Tout allait bien, serais-je tenté de dire, jusqu’à cette structure échappe peu à peu au contrôle de la collectivité régionale qui en assurait pourtant une part conséquente du fonctionnement. 

Petit à petit, ERAI s’est permis beaucoup de digressions. Petit florilège des remarques de la CRC :

  • aucun budget prévisionnel élaboré ni présenté à l’assemblée délibérante,
  • pas de règlement intérieur alors que les statuts de l’association en prévoyaient pourtant un, 
  • des subventions non conformes à la règlementation,
  • l’absence de contrôle de la région sur l’activité de l’association.

Ce dossier est finalement celui de l’impuissance politique, du manque de courage et du copinage. Je veux ici le dire très clairement aux représentants de l’ancienne majorité: la permissivité dont vous avez fait preuve vis-à-vis d’ERAI n’est pas à la hauteur de ce que chacun est en droit d’attendre des élus et ne fait que renforcer le sentiment de défiance qui s’exprime chaque jour, élection après élection, scandale après scandale

Et je voudrais rendre hommage à ceux qui, sur tous ces bancs lors du dernier mandat, n’ont eu de cesse de vous alerter, de vous questionner et même de mettre en cause votre complaisance vis-à-vis de ces dérives. Car oui, votre passivité est devenue au fil de temps de la complaisance vis-à-vis d’un système que vous n’avez jamais eu ni le courage, ni la volonté de combattre et d’enrayer.

Et puis il y a eu l’aventure Shanghai. Ou plutôt devrais-je dire la démesure Shanghai. Là encore, la Chambre régionale des comptes dresse un bilan accablant :

  • on y apprend que la convention qui liait la Région à ERAI n’incluait pas les financements à Shanghai et ne contenait donc pas un mot sur l’exposition universelle,
  • on y apprend aussi que la décision d’engager la région dans l’exposition universelle a été prise unilatéralement par le Président du Conseil régional alors qu’il n’en avait ni la compétence, ni l’autorisation pourtant requise de l’assemblée délibérante de la collectivité. Donner aujourd’hui des leçons de gouvernance parait dès lors bien déplacé.

Un mot si vous me le permettez du rapport sur la gestion de la région entre 2010 et 2014. Là encore, le gâchis financier est omniprésent et l’absence d’efforts pour maîtriser certains coûts est tout simplement incompréhensible. La dégradation de la situation financière aurait du appeler il y a plusieurs années, des choix budgétaires rigoureux qui n’ont pas été faits.

La seule construction de cet hôtel de Région, le mot Palais serait même plus approprié vu les coûts engendrés par sa construction, illustre à elle seule la mauvaise gestion, dont vous avez fait preuve ces dernières années. 

Voici donc à travers ces quelques remarques le constat de ce qu’il convient de dresser sur ces trois rapports. Notre groupe, soucieux d’une bonne gestion des deniers publics ne peut au final que s’offusquer d’un tel manque de transparence et d’aussi peu de contrôle de l’argent versé à des organismes satellites de notre région. 

Je vous remercie.


Assemblée plénière du jeudi 23 juin 2016 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *