Romain Champel, coprésident de notre groupe Les Démocrates, a pris la parole en session pour défendre notre politique environnementale ambitieuse, qui vise à réconcilier impératifs écologiques et économiques.
Intervention de Romain Champel
Monsieur le président,
Mes chers collègues,
Ce rapport, qui vise à réconcilier l’économie et l’environnement, est certainement l’un des plus importants que nous avons à examiner au cours de cette séance, et peut-être même depuis le début du mandat.
Il est d’une importance majeure pour deux raisons.
La première, c’est qu’il s’inscrit dans la réponse collective au plus grand défi de notre siècle : la protection de l’environnement, en cherchant à réduire l’impact négatif des activités humaines avant qu’il ne soit trop tard.
La deuxième raison qui rend indispensable ce rapport, et nous en avons débattu tout au long de la journée, c’est la réponse à la crise économique et sociale qui fera suite à la crise sanitaire, et qui dès cet automne risque hélas d’être d’une violence sans aucune mesure avec tout ce que nous avons connu par le passé. Notre nature pessimiste nous fait craindre le pire avec, partout en France et dans le monde, une avalanche de faillites, de licenciements et de souffrances sociales que même les pouvoirs publics les plus volontaristes ne pourraient contenir.
Mais notre nature optimiste nous permet d’espérer que les actions qui participent à la protection de l’environnement peuvent contribuer à la relance et à la reconstruction de notre économie. Et c’est tout l’objet de ce rapport : réconcilier économie et environnement.
Le Haut Conseil pour le Climat publie d’ailleurs ce jour son rapport annuel en soulignant la nécessité de concilier la relance économique avec la transition écologique, et ne manque pas de rappeler que les régions sont cheffes de file dans ces domaines.
Cet enjeu est fondamental, il a trop longtemps souffert d’antagonismes idéologiques et partisans alors qu’il devrait au contraire rassembler toutes celles et ceux qui sont attachés tant au développement économique qu’à la protection de l’environnement, et je ne doute pas que ce soit le cas de tous ceux qui siègent dans cet hémicycle. Le développement durable et la croissance verte ne sont pas des chimères, ils sont aujourd’hui un idéal qui a déjà fait ses preuves et qui n’attend que davantage de volonté politique pour devenir demain une réalité.
L’immensité de la tâche explique le volume de ce rapport : près de 30 pages d’exposé et 400 pages d’annexes articulées autour de 4 piliers de politiques régionales, de 8 leviers de développement et de plusieurs dizaines d’actions concrètes. C’est beaucoup pour un seul rapport, c’est dense, mais c’est plus que jamais nécessaire. Évidemment, dans un autre contexte, plus serein, nous aurions tous préféré prendre le temps de débattre de tout cela de manière précise et détaillée.
Mais la réalité l’emporte sur nos préférences. Ces derniers mois, nous venons de vivre une crise sanitaire inédite. Ces prochaines années, nous allons connaitre une crise économique et sociale historique. Et ces prochaines décennies, nous ferons face à une crise environnementale dont nous ne constatons aujourd’hui que les prémices et qui sera décisive pour l’avenir de l’humanité.
Nous sommes donc dans une situation d’urgence globale à court, à moyen et à long terme. Il nous faut agir vite et efficacement pour répondre à ces crises, à notre humble échelle et avec les moyens qui sont les nôtres.
Et c’est là l’objectif de ce rapport dont la mise en œuvre ne peut attendre davantage. Je tiens d’ailleurs, au nom du groupe Les Démocrates, à remercier et à féliciter le Vice-président Éric Fournier, le conseiller délégué à l’Économie circulaire Yannick Lucot, et tous les agents de la Région pour leur travail extraordinaire, sans relâche et dans des conditions particulièrement difficiles, pour pouvoir nous présenter ce rapport aujourd’hui.
C’est une nouvelle étape de la politique environnementale de la Région, plus que jamais en lien avec les autres compétences que sont le développement économique, l’emploi, la formation ou encore le numérique. Car l’amélioration de la santé environnementale, la protection de la biodiversité, la lutte contre les changements climatiques et l’économie des ressources naturelles sont tout autant de défis qui ne peuvent s’envisager que de manière transversale.
Cette politique s’inscrit donc dans la continuité, développe et accélère la stratégie Environnement / Énergie que nous avons adoptée en 2018 et qui prévoyait déjà un plan ambitieux d’investissement de 200 millions d’euros.
8 axes d’intervention nous sont proposés. Je ne les détaillerais pas mais il me semble utile de dire un mot sur chacun d’eux afin de mesurer l’utilité de l’action régionale :
1 – Accompagner nos concitoyens pour rénover près de 150 000 bâtiments, logements et commerces afin de réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, et générer avec ces travaux près de 4 milliards d’euros et 40 000 emplois.
2 – Développer l’énergie solaire à travers un plan régional pour favoriser la création de 15 000 emplois dans les filières du photovoltaïque, du thermique et plus largement du numérique.
3 – Développer la filière hydrogène, la recherche et l’innovation pour conforter le leadership de la Région et faire de cette énergie renouvelable un pilier de la transition bas-carbone et de la mobilité de demain.
4 – Adopter le projet de Schéma régional biomasse dont la combustion et la méthanisation produisent une énergie renouvelable neutre en carbone, et dont le développement pourrait générer 650 millions d’euros d’investissement et 8 000 emplois.
5 – Développer l’économie circulaire à travers une feuille de route régionale pour économiser les ressources, réduire les déchets et favoriser le réemploi en accompagnant les entreprises et les filières comme la plasturgie, avec l’objectif de créer 50 000 emplois.
6 – Développer les mobilités douces et durables, notamment à travers un plan régional pour le vélo.
7 – Préserver les ressources naturelles et améliorer la qualité de l’air, de l’eau et du sol, notamment dans les zones urbaines et périurbaines, à travers des plans régionaux pour le développement des arbres et la protection de la biodiversité.
8 – Enfin, encourager le classement en parc naturel régional des territoires dont le patrimoine naturel et culturel est remarquable, en prorogeant jusqu’en 2028 le classement du PNR des Volcans d’Auvergne.
Ces 8 axes de développement et ces dizaines d’actions concrètes participeront donc pleinement à la croissance responsable dans notre Région et devraient permettre de créer plus de 100 000 emplois durables, locaux et non délocalisables.
Il s’agit donc de mesures de bon sens pour répondre au défi de notre siècle qu’est la protection de l’environnement. Il s’agit de pragmatisme, pour relancer et reconstruire de manière durable notre économie face à cette crise immense qui nous attend.
Je n’ai pas pour habitude de faire dans la dramaturgie mais je crois que l’heure est suffisamment grave pour nous amener à dépasser les clivages politiques habituels et les déterminismes selon que l’on appartienne à la majorité ou à l’opposition.
Ce rapport figure parmi ceux qui doit ne doivent pas seulement faire consensus, mais qui doivent faire l’unanimité ! Et nous ferions honneur à la collectivité et à notre mandat en démontrant que les 204 élus aux sensibilités politiques différentes sont capables de se rassembler autour d’une même cause d’intérêt général : réconcilier l’économie et l’environnement.
Je vous remercie.
Assemblée plénière des 8 et 9 juillet 2020